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GALEHAUT SIRE DES ÎLES LOINTAINES

attention ; après quoi il tourna bride et s’éloigna au galop. Ils reprirent leur propos en haussant les épaules ; mais peu après ils entendirent un grand bruit dans les fourrés, et ils virent débucher le valet, suivi d’un chevalier d’une taille gigantesque, qui portait un écu d’or au lion de sinople.

— Voici Gauvain le traître ! s’écrie l’écuyer.

Sans mot dire, le chevalier pousse son cheval droit sur monseigneur Gauvain ; et comme celui-ci, en s’écartant, tentait de lui ravir l’épée qui lui pendait au côté, il se penche, le saisit à deux mains sous les aisselles, l’enlève et l’assied devant lui comme un petit enfant ; après quoi, il broche des éperons et part à toute bride, avant même que les deux autres, stupéfaits et d’ailleurs désarmés, aient eu le loisir de bouger.

Lancelot voulait le poursuivre sur-le-champ ; mais Galessin l’arrêta par le bras et lui représenta que mieux valait qu’ils fussent prendre leurs armes tout d’abord, après quoi ils se mettraient en quête de leur compagnon sans avertir le roi, la reine, ni personne. Et ainsi firent-ils ; mais, bientôt les traces du ravisseur les menèrent à un carrefour d’où partaient plusieurs routes : alors ils résolurent de se séparer pour avoir plus de chances de le retrouver, et chacun s’en fut par la voie qu’il avait choisie.