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MALADIE DE LA FAUSSE GUENIÈVRE

— Ha, dame, pour Dieu levez-vous ! Je confesserais qu’il m’a vaincu, si vous le vouliez.

Aussitôt on emporta le blessé, et les barons de Carmélide eurent grand’honte de se voir ainsi convaincus de faux jugement.


XXXIV


Or, la nuit même, Notre Sire prit une forte vengeance de la fausse Guenièvre, car tout son corps fut frappé de paralysie, hormis les yeux et la langue. Et bientôt son cœur commença de pourrir et sa poitrine de sentir si fort la pourriture, que nul n’eût pu durer dans sa chambre, n’eussent été les bonnes épices qu’on y mettait. Le roi Artus, qui l’aimait toujours, envoya chercher les plus sages mires qu’on put découvrir ; mais aucun ne sut d’où venait cette maladie. Et en peu de temps la fausse Guenièvre empira tellement que le roi, qui menait grand deuil, fit mander un prêtre pour la confesser. Ce fut frère Amustant, qui avait été longtemps chapelain du roi Léodagan de Carmélide.

— Dame, lui dit-il, vous gisez en une douloureuse prison, comme celle qui a perdu tout le pouvoir de son corps. Mais il n’est nul péché,