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LE COMBAT DE JUSTICE

barons y étaient, et messire Gauvain lui confia Escalibor, sa bonne épée, qui valait une comté, en le priant de la porter pour l’amour de lui.

Les gardes du champ furent Galehaut, Gauvain, le roi d’Estrangore, le roi d’Outre les Marches, le roi Agustan d’Écosse, le roi Ydier et trente autres rois ou princes. Et messire Gauvain chargea un chevalier de sonner du cor pour donner le signal quand il le commanderait. Le roi Artus et la fausse Guenièvre étaient à une fenêtre et celle pour qui Lancelot combattait à une autre, sous la garde de Keu, accompagnée de Sagremor le desréé, de Giflet fils de Do et de beaucoup d’autres seigneurs. Et toutes les maisons de la place étaient garnies de chevaliers et de bourgeois.

Lancelot parut, sur un palefroi ; Lionel, son cousin, portait son écu et son heaume ; un autre écuyer tenait ses lances et menait en main son destrier couvert d’une cuirasse neuve de cuir matelassé. Quand il vit les trois chevaliers de Carmélide, il se hâta de se mettre en selle et de prendre ses armes, et cria aussitôt à monseigneur Gauvain :

— Beau sire, ne sonnera-t-il jamais, ce cor ?

Le signal fut donné, et les champions laissèrent courre. Le chevalier de Carmélide perça l’écu, mais brisa sa lance sur le haubert, tandis que Lancelot poussait la sienne de telle force qu’elle traversa comme beurre les armes