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LA REINE EN JUGEMENT

— Seigneurs, dit-il, je vous ai mandés ici, car un roi ne doit entreprendre nulle chose sans le conseil de ses hauts hommes. Vous savez la plainte et la clameur qu’une demoiselle fit à Camaaloth, le jour de la Chandeleur. Je pensais alors qu’elle avait tort ; mais je sais bien maintenant qu’elle a droit, et que celle qui a vécu longtemps avec moi a commis une trahison : les gens de ce royaume de Carmélide témoigneront qu’elle est la fille au sénéchal du roi Léodagan. Je vous ai assemblés pour que vous me conseilliez comme vous le devez.

Galehaut s’avança devant tous.

— Sire, tout le monde vous tient pour le plus prud’homme qui vive. Mais comment sait-on que madame soit ce que vous dites ? Il m’est avis qu’elle est la bonne et loyale reine ; ceux de Bretagne l’ont toujours tenue pour telle.

— Je sais bien ce qu’il en est, répondit le roi. Les chevaliers de ce pays connaissent mieux que ceux de Bretagne laquelle est la fille du roi Léodagan et de sa femme épousée. Celle qu’ils s’accorderont pour désigner comme telle sera dame et reine.

Alors il fit apporter les meilleures reliques qu’on put trouver ; puis on appela la reine Guenièvre, d’une part, de l’autre celle qui voulait se faire passer pour elle ; et le roi invita les barons de Carmélide à jurer sur les saints qu’ils