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ANGOISSE DE LA REINE

Mais, lorsque les barons eurent mangé et qu’ils furent retournés en leurs logis, la reine lui dit tristement :

— Beau doux ami, hélas ! je sens bien que tout le monde me croit déjà coupable, et sans doute c’est la punition du péché que j’ai commis en honnissant le plus prud’homme du monde ; mais la force de l’amour et la prière du chevalier qui surpasse les meilleurs me l’ont fait faire. Ha, je tremble que messire le roi ne me fasse mourir !

— Dame, répondit Galehaut, ne craignez point cela, car il faudrait tuer avec vous mille chevaliers prêts à vous défendre. S’il advenait que vous fussiez jugée à mort, je vous secourrais avec tous mes hommes, dussé-je y gagner la haine du roi à toujours et y perdre mon âme et mon corps. Et je vous donnerais ensuite le meilleur de mes royaumes. Ne soyez inquiète de rien, je vous prie.

Mais le conte revient maintenant au roi Artus.


XXX


Il chevaucha tant, entre ceux qui le gardaient, qu’il parvint au château de l’Enchantement, en Carmélide. La fausse Guenièvre descendit à sa