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GALEHAUT SIRE DES ÎLES LOINTAINES

la cité de Sorehaut et que Galehaut terrifié s’accroupit en se cachant les yeux de sa boîte, tandis que maître Hélie tombait sur le dos, la croix sur sa poitrine. Puis l’obscurité se dissipa, mais la terre se mit à trembler, et un bras long à merveille sortit du mur, vêtu jusqu’au coude d’une manche de samit jaune, et du coude jusqu’au poing de soie blanche. La main, vermeille comme charbon embrasé, tenait une épée rouge de sang, dont elle voulut férir maître Hélie qui lui opposa la croix, puis Galehaut qui mit la boîte à l’encontre : alors l’épée fit des moulinets autour d’eux ; enfin elle alla frapper le mur, trancha quarante-deux des grandes roues, et autant dans chaque rangée des autres ; après quoi elle disparut par où elle était entrée.

— Ha, maître, dit Galehaut, vous m’avez bien tenu votre promesse, et je sais maintenant que j’ai encore à vivre trois ans, trois mois, trois semaines et trois jours !

— Sire, vous pourrez bien dépasser ce terme avec l’aide de Lancelot : car vous ne mourrez que parce que votre compagnon vous laissera. Toutefois vous ne devez découvrir à personne le secret du tout en tout.

Ils sortirent de la chapelle, et Galehaut se prit à songer que c’était plutôt de la reine que dépendait son sort, car sans doute c’était elle qui lui ferait perdre la compagnie de son