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LE SONGE DE GALEHAUT

maître Hélie de Toulouse, il faut grand loisir pour mener à bien une si haute chose, car il n’est philosophe dans le siècle qui n’y aurait beaucoup à étudier. Donnez-nous un répit de neuf jours.

Galehaut consentit. Mais, quand le dixième jour fut venu, il les réunit à nouveau. Le premier d’entre eux, qui avait nom Boniface de Rome, dit qu’il avait fait une conjuration au moyen de quoi il avait découvert quel était le lion couronné.

— C’est le roi Artus, et le lion sans couronne, c’est vous-même ; mais je n’ai pu apprendre ce que signifie le léopard ; j’ai vu seulement que vous l’emmeniez en votre compagnie.

Le second clerc, maître Hélias de Hardole en Hongrie, confirma ce que son compagnon avait découvert ; puis il pria Galehaut de permettre qu’il n’en dit pas davantage.

— Beau maître, ce ne peut être ; parlez, ou je vous tiendrai pour parjure et foi-mentie.

— Sire, sachez donc qu’un jour le léopard partira et que le lion sans couronne en demeurera si désespéré qu’il prendra la mort.

À ces mots, Galehaut demeura longtemps pensif et silencieux. Enfin il invita le troisième clerc à parler. Celui-là était né au royaume de Logres, dans un château nommé Ludevoit, qui était à six lieues du gué des Bois, où Merlin disait que toute sagesse un jour descendrait ;