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GALEHAUT SIRE DES ÎLES LOINTAINES

— Il n’a jamais été caché par crainte d’autrui : on m’appelle Gauvain.

La demoiselle sourit.

— Messire Gauvain, je suis plus aise maintenant qu’avant de savoir votre nom, car je vous connais si prud’homme et si loyal que vous n’attesteriez point par serment de telles paroles, fût-ce pour le royaume de Logres. Toutefois, si vous osez risquer la bataille, vous l’aurez. Bertolai, dit-elle au vieux chevalier, êtes-vous prêt à soutenir le droit contre monseigneur Gauvain ou tout autre ?

Le vieillard s’agenouilla devant le roi et offrit son gage. Mais, en le voyant si âgé, messire Gauvain se détourna dédaigneusement, et Dodinel le sauvage s’écria :

— Amenez de votre pays le meilleur champion que vous trouverez, demoiselle, et messire Gauvain le combattra ; ou même amenez trois chevaliers de votre terre, et, aidé de moi seul, qui suis le pire des compagnons de la Table ronde, il les combattra encore. Mais voulez-vous qu’il joute contre un homme de cet âge, qui a la mort entre les dents ? Honni soit qui le ferait !

— Sire chevalier, repartit la demoiselle, j’ai amené celui-ci parce qu’il est le meilleur de notre pays. Si vous avez si grande pitié de monseigneur Gauvain, vous entreprendrez vous-même la bataille.

— Sire Dieu ! autant combattre un mort !