Page:Boulenger - Romans de la table ronde II, 1923.djvu/183

Cette page a été validée par deux contributeurs.
173
LA PUCELLE ET LE CHEVALIER CHENU

parvint en la cité de Camaaloth, où le roi reçut ses lettres et lui fit très bonne chère, en le priant de séjourner jusqu’à l’arrivée des clercs que lui demandait Galehaut et qu’il avait envoyé quérir.

Or, un jour que le roi était assis à son haut manger, entouré de ses barons, une demoiselle descendit devant le palais, accompagnée d’un chevalier tout vieux et tout chenu. En entrant dans la salle, elle laissa tomber son voile, et l’on vit une pucelle d’une grande beauté, richement vêtue de drap de soie, dont les cheveux étaient réunis en une seule tresse longue, épaisse, claire et luisante.

— Dieu sauve le roi et toute sa compagnie ! dit-elle.

— Demoiselle, répondit le roi, Dieu vous donne bonne aventure !

Là-dessus, le vieux chevalier, qui était entré avec la pucelle, remit à celle-ci une boîte d’or et de pierres précieuses, et elle en tira une lettre qu’elle offrit au roi.

— Sire, avant que de faire lire ces lettres, réunissez céans toute votre maison jusqu’aux dames et demoiselles, car sachez qu’il y est question d’une haute et grande affaire : il convient que tout le monde les entende.

Le roi envoya donc quérir la reine Guenièvre avec ses dames et tous les prêtres, chevaliers et sergents de sa maison ; puis, devant eux,