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MORT DE CAMILLE L’ENCHANTERESSE

moiselle enchaînée, qui lui apprit qu’elle était ainsi enfermée depuis trois ans parce que Gadrasolain l’avait jadis aimée.

— Camille s’est-elle échappée ? demanda-t-elle. Si elle emporte ses livres et ses boites, vous êtes perdus, car elle peut faire jaillir un lac où vous disparaîtrez tous avec le château.

— Et où sont-ils ? demanda Keu.

La demoiselle le mena à un coffre qu’il prit et jeta au feu. Et lorsque l’enchanteresse sut que ses livres étaient en cendres, elle en eut une telle douleur qu’elle se précipita du haut des murs. Dont le roi fut très chagrin, car il l’aimait encore.

Les tables mises, tous s’assirent. Et après qu’ils eurent mangé, le roi s’approcha de Galehaut et le pria de permettre que Lancelot fût désormais de sa maison et de la Table ronde.

— Ha, sire, s’écria Galehaut, je ne saurais vivre sans lui : voulez-vous ma mort ?

Mais la reine, sur l’ordre du roi, se mit à genoux pour le prier de consentir, et à la voir ainsi, le cœur de Lancelot se serra tant qu’il ne put se tenir de crier :

— Dame, je resterai auprès de monseigneur !

— Puisqu’il en est ainsi, je vous l’octroie, reprit tristement Galehaut.

Le roi le remercia, et il le pria de devenir lui-même, non son chevalier, mais son compagnon et son ami. Puis il retint également Hector.