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LA DAME DU LAC

guère fendu qu’avait envoyé la Dame du Lac, le passe à son cou, et, tout soudain, se pame de faiblesse, tandis que la reine s’évanouit de douleur.

À ce moment, on vit entrer une dame belle et de haute taille, vêtue de soie blanche comme neige neigée, qui s’avança vers le forcené et le prit par le poing.

— Beau Fils de Roi, commanda-t-elle, revenez à vous !

Sur-le-champ il se lève, comme honteux, et peu à peu il retrouve son droit sens, et se met à pleurer en reconnaissant celle qui l’avait élevé. Elle le fait étendre sur un lit, lui oint les poignets et les tempes d’un onguent qui l’endort.

— Dame, dit-elle à la reine, qu’on le laisse sommeiller tout son saoul. À son réveil, vous lui ferez prendre un bain parfumé de bonnes herbes, et quand il en sortira, il sera guéri. Mais gardez qu’il porte en bataille un autre écu que celui-ci, tant qu’il pourra durer.

— Dame, ne me direz-vous pas qui vous êtes ?

— Je suis la Dame du Lac.

Quand elle entendit ce nom, la reine sentit l’eau du cœur lui monter aux yeux. Elle courut à la Dame, lui mit les bras au col.

— Soyez la bien venue, belle douce amie, vous que je chéris et que j’honore le plus au monde !

— Dame, dame, aimez sur toute chose celui