Page:Boulenger - Romans de la table ronde II, 1923.djvu/169

Cette page a été validée par deux contributeurs.
159
CAMILLE L’ENCHANTERESSE

— Seigneurs, fit messire Gauvain, c’est Gaheriet !

— Je ne sais ce que vous ferez, dit Lancelot, mais je vais aller préparer les écuelles à ceux qui sont assis sous ce chêne.

— Moi, je leur verserai du vin dans leurs hanaps ! dit Galehaut.

— En nom Dieu, s’écria Hector, je leur étendrai leurs nappes sur l’herbe fraîche !

Aussitôt les quatres chevalier de s’élancer. Mais Camille l’enchanteresse avait fait surgir là un lac en lui donnant la semblance d’une prairie : de manière qu’ils y tombèrent par surprise et, lorsqu’ils en sortirent à demi étouffés par l’eau qu’ils avaient bue, plus de cent païens que Camille avait fait cacher alentour leur coururent sus, de manière qu’ils furent pris comme oies sur un toit et jetés dans les cachots du château. Et la reine et la dame de Malehaut attendirent vainement leurs amis toute la nuit : il ne faut demander si elles furent dolentes !

Le lendemain, qui était jour de bataille, quand ils virent que messire Gauvain ne reparaissait point, ses dix-neuf compagnons se réunirent afin d’aviser à ce qu’ils avaient à faire et il leur sembla qu’il convenait avant tout de conseiller la reine. Messire Yvain se rendit de leur part à son logis : il la fit appeler au bas des degrés, car il ne pouvait entrer dans aucune des maisons du roi avant que d’avoir achevé sa quête, et,