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LE PONT NORGALLOIS

Et la bataille dura jusqu’à none de la sorte ; alors ils se trouvèrent las au point que les épées leur tournaient dans la main et qu’il leur fallut se reposer.

Messire Gauvain s’écarta un peu et essuya sa bonne épée Escalibor, tandis que l’inconnu redressait son heaume, qui avait un peu tourné parce qu’un des lacets s’en était rompu ; puis tous deux se regardèrent.

— Sire, dit messire Gauvain, je vous prie par courtoisie de me dire votre nom, car je n’ai jamais trouvé un chevalier que je désire autant de connaître que vous.

— Sire, vous êtes si prud’homme que je vous l’apprendrai volontiers : on m’appelle Hector des Mares. S’il vous plaît, je vous prie de me faire connaître le vôtre.

— À nul homme jamais il ne fut celé : je suis Gauvain, le neveu du roi Artus.

À ces mots, Hector jette promptement son écu à terre et s’agenouille devant monseigneur Gauvain en le priant de lui pardonner. Mais l’autre le prit par la main et le mena à la tour du pont, et là il voulut à toute force que le nom d’Hector fût inscrit à la suite du sien sur la table de pierre. En vain le bon chevalier s’en défendit : messire Gauvain prétendit qu’il s’était avoué outré en s’arrêtant le premier.

Le lendemain, ils se mirent en chemin de compagnie pour l’Île perdue, où ils apprirent