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LIONEL ET LES LARRONS


XV


Un jour qu’il traversait un bois épais, il rencontra deux chevaliers larrons et qui ne vivaient que de vol. Il les salua.

— Çà, baillez-nous ces deux chevaux et vos armes ! firent-ils.

— Quoi ! beaux seigneurs, vous êtes chevaliers et voulez dérober un écuyer ! Laissez-moi aller. Vous seriez bien réprouvés si vous me mettiez à pied.

Mais, sans répondre, ils s’avancent, et l’un d’eux saisit le bai-brun par le frein.

— Beaux seigneurs, attendez que je descende.

Il saute à bas de son roussin et s’approche du destrier, feignant de vouloir ôter ses armes ; mais soudain il pose le pied à l’étrier, s’envole en selle comme un émerillon, broche des éperons et part à bride abattue, en criant qu’ils peuvent garder l’autre cheval, mais que celui-ci est trop bon pour eux.

Trop mal monté pour tenter d’atteindre le fuyard, l’un des deux chevaliers s’approche du roussin et veut le prendre par la bride. Mais l’animal lui tourne la croupe et rue si félonne-