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EN SORELOIS

Un mois après qu’ils y furent arrivés, la Dame du Lac envoya à Lancelot un damoisel, en lui mandant de le garder jusqu’à temps de le faire chevalier : et c’était Lionel, le fils aîné du roi Bohor de Gannes. Il fit plus tard d’assez hautes prouesses, comme l’histoire le rapportera quand il en sera temps, et Lancelot, dont il était le cousin germain, l’aima tendrement toute sa vie.

Galehaut demeurait en Sorelois plus privément qu’il n’avait coutume afin que personne ne sût quel était son compagnon. Et en vain réconfortait-il Lancelot de son mieux : celui-ci était si triste qu’il ne pouvait dormir et qu’il ne buvait et ne mangeait qu’à peine, en sorte qu’il tomba malade.

— Beau doux compagnon, lui demanda un jour Galehaut, si vous pouviez voir madame, ne seriez-vous plus aise ?

— Sire, je crois que oui. Mais comment serait-ce possible ?

— Nous lui manderons qu’elle nous oublie trop, et qu’elle fasse que nous la voyions.

— Ha, sire, en nom Dieu, merci !

Galehaut appela Lionel.

— Lionel, lui dit-il, tu vas te rendre à la cour du roi Artus, et sais-tu ce que tu feras ? Tout d’abord tu demanderas où est le roi, et puis tu t’enquerras de madame de Malehaut et tu la prieras de te faire parler en secret à la reine. Et