Page:Boulenger - Romans de la table ronde II, 1923.djvu/152

Cette page a été validée par deux contributeurs.
142
GALEHAUT SIRE DES ÎLES LOINTAINES


XIII


Florée avait fait préparer pour Hector un haut lit où ne manquaient, certes, ni les draps blancs comme neige neigée, ni le mol oreiller, ni les coussins bien ouvrés, ni les riches couvertures, et, comme il était très las, il coucha tout seul dans une très belle chambre, sans la compagnie d’aucun chevalier.

Or, lorsque les dames furent endormies, la pucelle, en chemise et surcot, toute déceinte et les cheveux sur les épaules, vint s’agenouiller auprès de son lit sans qu’il s’en avisât tout d’abord, car il était à demi sommeillant ; enfin il l’aperçut. Elle lui souhaita le bonsoir et lui demanda s’il ne désirait point boire et s’il était bien couvert. Il lui rendit son salut et répondit que tout était bien. Alors elle se pencha vers lui, et lui dit tout bas, en lui mettant la main sur l’épaule :

— Ha ! sire, je me viens plaindre à vous de vous-même, et vous seul pouvez me faire droit. Vous ne m’avez pas demandée à mon père : pourquoi ?

— Par Dieu, ce n’est point que vous ne soyez assez belle et vaillante, et haute femme,