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LE BEAU MANGER

l’Étroite Marche et ses chevaliers lui firent grande joie. Et, messire Yvain ne tarda point à regagner la ville avec Sagremor. Puis Hector fit la paix du sénéchal et du vieux seigneur. Après quoi, l’eau cornée et les nappes mises, tous s’assirent au souper. Et sachez qu’on leur présenta une hanche de cerf rôtie, accompagnée d’une sauce très bien épicée, puis d’autres mets et entremets, avec des vins exquis en abondance, bref tout ce qui convient à des corps d’homme. Et, devant les viandes, il y eut toujours deux écuyers qui faisaient honorablement leur service, tranchant sur un tailloir d’argent et offrant les morceaux sur des assiettes de pain ; et devant Hector un écuyer à genoux, et d’autres encore qui servaient à boire. Et, certes, le manger fut beau, car il dura bien quatre heures, mais l’on y tint tant de propos divertissants qu’il parut durer beaucoup moins de temps. Enfin, les tables levées, il y eut force danses et caroles, et les chevaliers et les dames s’éjouirent à entendre des fabliaux et des sonnets nouveaux, comme :

 
Quand je vois la rose mûre,
Le glaïeul s’épanouir,
Et sur la belle verdure
Les gouttes d’eau resplendir,
— Je soupire !

Mais que vous dirais-je de plus ?