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LE CHEVALIER CHARPENTIER

— Sire, vous faites mal de tailler ainsi notre porte. Venez plutôt au château, car il faut vous héberger ici.

— Je n’y mettrai pas les pieds ! cria Hector.

— Au moins mènerai-je votre cheval à monseigneur, reprend le valet qui, aussi léger qu’un émerillon, saute sur le destrier et s’enfuit.

Il fallut bien aller au palais. Hector gravit les degrés et entra dans une salle bien jonchée de menthe, de glaïeuls et de roseaux, où brillaient tant de chandelles qu’on l’eût crue éclairée par la lumière même des étoiles errantes aux cieux. Un feu de bûches y brûlait dans une cheminée, entre quatre colonnes, si grand que quarante hommes, dit le conte, s’y fussent chauffés à l’aise ; mais, assis devant la flamme, il n’y avait qu’un vieillard vêtu d’une robe d’écarlate fourrée de martres zibelines, au milieu de quelques chevaliers.

— Sire, dit le prud’homme à Hector sans lui rendre son salut, les preux de votre pays sont-ils donc charpentiers pour dépecer les portes ainsi ?

— Sire, je suis un chevalier errant, et sachez que j’ai de grandes affaires. Je vous requiers de me faire rendre mon cheval qu’un valet m’a pris.

— Je le ferai quand vous m’aurez donné satisfaction de la porte que vous avez taillée.

— Je l’eusse bien coupée si j’en eusse eu le