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LA NIÈCE DE GROADAIN

— Dame, je vous l’octroierai, si ma cousine vous en octroie un auparavant.

La reine reçut le serment de l’une et de l’autre ; après quoi elle dit :

— Savez-vous ce que vous m’avez donné ? Vous, la délivrance du nain Groadain. Et vous, demoiselle, que vous prierez Hector de partir en quête de mon neveu Gauvain et que vous ferez tant qu’il ira.

À ce coup, l’amie d’Hector fut si étonnée qu’elle demeura longtemps sans pouvoir parler. Enfin elle dit :

— Dame reine, certes il n’y a pas tant de bien en vous que l’on prétend ! On a peu de mérite à tromper une pucelle. Au reste, jamais je ne prierai Hector de partir, dussé-je être démembrée.

— Certes, vous ne seriez pas la nièce de Groadain si vous n’étiez félonne. Sachez bien que vous n’aurez jamais terre en fief jusqu’à ce que vous ayez acquitté votre serment.

— Dame, je n’aurai donc jamais mon héritage !

Là-dessus, la pucelle se leva, pleurant amèrement, et fut se jeter sur son lit. Vainement le nain et Hector la supplièrent à genoux de ne point fausser sa promesse. À la fin, la reine qui en avait pitié la manda auprès d’elle, et fit tant que la pucelle dit en pleurant que ni par sa prière, ni par son commandement, Hec-