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LES AMOURS DE LANCELOT DU LAC

maison convinrent qu’ils protégeraient toutes les demoiselles. Si une pucelle était conduite par un chevalier et que celui-ci fût outré et vaincu, alors elle appartenait au vainqueur. Mais celle qui était seule n’avait rien à redouter, sinon des félons, dont il n’y avait guère en ce temps, et elle pouvait aller aussi sûrement par le royaume que si elle eût été gardée. Néanmoins, on n’eut plus jamais aucune nouvelle des pucelles des grottes.

Ce fut le commencement des temps aventureux. Alors la Bretagne bleue fut pleine de merveilles et les chevaliers se mirent à errer. Partout, il y avait des pas difficiles et des coutumes singulières qu’on ne pouvait franchir ou redresser qu’à grande prouesse : grâce à quoi les chevaliers, et surtout ceux de la Table ronde, faisaient tant d’armes que leur renom en est demeuré jusqu’à présent. Ils chevauchaient par monts et par vaux sur leurs grands destriers, abattant les mauvais usages, défiant les félons, ramenant les méchants à raison, détruisant les larrons qui volaient sur les routes ; et des demoiselles qu’on ne saurait demander plus avenantes cheminaient sur leurs palefrois ; et, pendant ce temps, la cour du roi Artus resplendissait sur le pays de Logres, ornée de la reine Guenièvre et de ses dames, brillante d’or, d’argent, de riches draps de soie, de fêtes, de gerfauts, d’éperviers, de faucons,