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LE CHEVAL OCCIS

Là-dessus, il recommanda ses compagnons à Dieu, en leur disant de le suivre quand leurs écuyers auraient rattrapé leurs chevaux, et il se mit sans tarder sur les traces du nain et de son prisonnier.


VII


Vers l’heure de tierce, il parvint à un pavillon dont la porte ouverte laissait voir une demoiselle d’une grande beauté, assise sur une riche couche : une pucelle à genoux peignait ses cheveux qui étaient blonds comme de l’or fin, tandis qu’une autre lui présentait un miroir et une couronne de fleurs. Messire Gauvain lui souhaita le bonjour.

— Dieu vous bénisse, sire chevalier, répondit-elle, si vous n’êtes pas de ces mauvais mécréants qui virent battre et injurier le bon chevalier sans l’aider.

— Ha, demoiselle, pour Dieu, dites-moi quel est ce chevalier et pourquoi il menait ainsi deuil et joie !

Mais, à ces mots, il sentit son destrier bondir sous lui et retomber mort, et comme il se remettait debout lui-même, tout irrité, il vit le nain tenant dans sa main une épée sanglante