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GALEHAUT SIRE DES ÎLES LOINTAINES

leur bourdonna doucement par-dessus ; puis ils se mirent tous à rire et à causer : et tel fut ce beau matin envoyé par Dieu.


VI


Les compagnons parvinrent ainsi au bord d’un val semé de fleurs. Au milieu, l’on voyait sourdre une fontaine dont l’eau semblait fraîche comme glace et dont le mince ruisseau courait si clair sur du menu gravier qu’il brillait au soleil plus qu’une épée d’argent. Un grand pin ombrageait la source et, pour cette raison, on la nommait la fontaine du Pin.

Comme les chevaliers et la pucelle allaient entrer dans la vallée, ils virent un écuyer sortir au grand galop de la forêt voisine, traverser la prairie, appuyer contre l’arbre une liasse de lances, suspendre rapidement à une branche un écu noir semé de gouttes d’argent, et regagner à toute bride le couvert des arbres. Intrigués, ils se dissimulèrent dans le bois. Ils n’attendaient pas depuis bien longtemps, lorsque surgit de la forêt un chevalier monté sur un fort destrier. Il approche de l’arbre, regarde les lances en riant, descend de son cheval, ôte son heaume et, penché sur la source, boit