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I


Le conte dit qu’il y avait anciennement, parmi les forêts du royaume de Logres, une foule de grottes où les chevaliers errants trouvaient toujours le vivre et le couvert : car, lorsque l’un d’eux avait besoin de boire et de manger, il n’avait qu’à se rendre à la plus prochaine, et aussitôt une demoiselle de féerie en sortait, on ne peut plus belle, qui portait une coupe de fin or à la main, avec des pâtés très bien lardés et du pain ; et elle était suivie d’une autre pucelle, qui tenait une blanche serviette merveilleusement ouvrée et une écuelle d’or et d’argent où se trouvait justement le mets que le chevalier désirait ; et encore, si le plat ne lui plaisait point, on lui en apportait d’autres à sa volonté.

Mais il advint qu’un chevalier mauvais et plein de vilenie força l’une de ces pucelles au bord de sa grotte, et ensuite lui prit la vaisselle d’or où elle l’avait servi. D’autres agirent comme lui : de façon qu’elles ne voulurent plus se montrer, pour prière qu’on leur en fit.

Lorsque le roi Artus eut fondé la Table ronde par le conseil de Merlin, les chevaliers de sa