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GALEHAUT SIRE DES ÎLES LOINTAINES

Là-dessus Sagremor lui donna un baiser, et elle le lui rendit très volontiers.

— Dame, dit messire Gauvain, vous n’avez pas fait trop indigne ami : c’est Sagremor le desréé, neveu de l’empereur de Constantinople et compagnon de la Table ronde.

La demoiselle fut très contente, et Sagremor et elle se mirent à se regarder ; or, tant plus ils se regardaient, tant plus ils s’aimaient. Mais le desréé avait une maladie : c’est que, lorsqu’il s’était bien échauffé à combattre, il lui fallait trouver à manger ; sinon, en se refroidissant, il enrageait tout vif de faim et s’affaiblissait jusqu’à mourir. Et, à cause de cela, Keu le sénéchal l’avait un jour surnommé Mort de Jeûne. Messire Gauvain dut faire mener en laisse par la pucelle son propre destrier et monter en croupe derrière son compagnon pour le soutenir ; mais, de la sorte, ils parvinrent à la maison d’un vavasseur, où Sagremor eut à manger et reprit toute sa force. Et, le lendemain, les deux chevaliers se remirent en route, en compagnie de la pucelle.


V


Le ciel était nuageux et le temps sombre ; mais on était en juillet, et l’herbe était si haute