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GALEHAUT SIRE DES ÎLES LOINTAINES

Alors il se dévêtit et se coucha ; et ils firent l’un de l’autre tout leur plaisir jusqu’à ce que le sommeil le vainquît ; et elle à son tour, qui était jeune et grasse, s’endormit dans la douceur de son ami.

Cependant le roi de Norgalles, qui s’était levé pour quelque affaire, ouvrit en revenant une petite fenêtre qui donnait dans la chambre de sa fille, et il la vit qui reposait aux bras d’un chevalier. Il courut chercher son épée ; mais en refermant la lucarne, il fit quelque bruit, de façon que messire Gauvain et la demoiselle s’éveillèrent. Le chevalier saisit ses armes que son amie l’aida à revêtir, et, comme il n’avait point son écu, il prit un échiquier en guise de bouclier.

— Savez-vous ce que vous ferez ? lui dit-elle. Voyez cette fenêtre : durant que vous sauterez, la porte tiendra bien, car elle est épaisse.

Déjà les vingt chevaliers criaient à la demoiselle d’ouvrir, tandis qu’on entendait le roi les injurier. Mais messire Gauvain craignait d’abandonner la belle au courroux de son père.

— Je n’ai garde de ce que j’ai fait, lui dit-elle, car messire le roi et madame la reine m’aiment plus qu’eux-mêmes, pour ce qu’ils n’ont plus auprès d’eux d’autre enfant que moi.

Alors messire Gauvain lui baisa les yeux et la bouche tendrement, et il sauta par la