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RÊVERIE DU ROI

sacre de cerf, il l’emboucha et en sonna à faire trembler toute la salle et jusqu’aux chambres de la reine. Le roi tressaillit légèrement.

— Qu’est-ce ?

— C’est, lui dit messire Gauvain, que vous êtes perdu en votre penser, quand vous devriez festoyer tout ce monde qui est venu à votre cour pour se réjouir. Les larmes vous couvrent la face : ce serait une triste chose si l’on vous comparait à un enfant, vous que l’on tient pour un des hommes les plus sages qui soient.

— Gauvain, Gauvain, répondit le roi, personne ne pourrait me blâmer de mon penser, car je songe au meilleur des chevaliers, celui qui fit ma paix avec Galehaut. J’ai connu un temps où les compagnons de la Table ronde s’efforçaient de s’adjoindre tous les plus preux du monde. Mais il n’en va plus de la sorte, et c’est à votre honte !

— Sire, sachez que je ne vous ferai plus honte !

Et messire Gauvain, s’approchant de la fenêtre, leva la main vers une église dont on apercevait le clocher et s’écria de manière à être entendu de toute la salle :

— Par Dieu et par tous les saints, je n’entrerai plus dans aucune des maisons de monseigneur le roi avant que d’avoir trouvé le chevalier aux armes noires de l’assemblée de Galore ! Seigneurs, que ceux qui veulent faire la plus haute