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LE PRÉ DES ARBRISSEAUX

Galehaut, manda pour la suivre la dame de Malehaut, Laure de Carduel et une autre de ses demoiselles, et elle s’en fut avec eux, par les prés, au rendez-vous.

Tout en cheminant, Galehaut appela un écuyer qui passait, et lui commanda d’aller dire à son sénéchal qu’il vînt immédiatement au pré des arbrisseaux.

— Quoi ! fit la reine étonnée, est-il votre sénéchal ?

— Nenni, dame ; mais mon sénéchal est averti de l’amener avec lui.

Sous les arbres, Galehaut et la reine s’assirent assez loin des demoiselles, un peu surprises de se voir ainsi écartées. Pendant ce temps, le sénéchal et son compagnon passaient le gué et s’en venaient à travers la prairie. Lancelot était si beau qu’on n’eût point trouvé son pareil en tout le pays : aussi, dès qu’elle aperçut son ancien prisonnier, la dame de Malehaut se le remit très bien ; mais, afin de n’en être pas reconnue, elle baissa la tête et s’approcha de Laure, lorsqu’il la salua en passant.

Quand il arriva devant la reine, avec son compagnon, Lancelot tremblait si fort qu’à peine put-il mettre genou en terre ; il avait perdu toute couleur et baissait les yeux comme honteux. Et Galehaut, qui s’en aperçut, dit à son sénéchal :

— Allez faire compagnie à ces demoiselles qui sont là trop seules.