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MERLIN L’ENCHANTEUR

Merlin se mit donc debout et leur conta tout au long l’histoire d’Uter Pendragon et d’Ygerne ; puis il invoqua le témoignage d’Ulfin et d’Antor ; enfin il exhiba des lettres scellées que le défunt roi avait fait faire de tout cela.

En l’écoutant, le menu peuple qui était dans la salle commença de pleurer d’attendrissement et de maudire ceux qui voulaient nuire au fils d’Uter Pendragon. Mais les barons, après avoir un peu hésité, déclarèrent qu’ils ne consentiraient jamais à tenir leurs fiefs d’un bâtard, et, comme Merlin leur représentait qu’ils se trouveraient mal d’aller contre la volonté de Notre Seigneur qui avait lui-même élu Artus, ils se moquèrent de lui, disant :

— Il a bien parlé, l’enchanteur !

Enfin ils furent assembler leurs bannières pour donner sans tarder l’assaut au château.

Artus, qui était revenu s’y enfermer, avait avec lui une grande multitude de menu peuple, mais seulement une poignée de chevaliers. En entrant, il prit Merlin par la main et, le tirant à part avec l’archevêque, Ulfin, Antor, Keu et Bretel, il lui demanda son avis.

— Beau sire, dit Merlin, faites armer vos gens, et attendez derrière la porte, et quand je crierai : « Maintenant, à eux ! » sortez hardiment et laissez courre les chevaux.

Alors l’archevêque monta sur le mur et excom-