Page:Boulenger - Romans de la table ronde I.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
LE SAGE ENFANT

qu’ils arrivassent en une ville et, comme ils en sortaient, ils virent un vilain qui portait de gros souliers et une pièce de cuir à la main. En passant près de lui, Merlin se mit à rire, et comme ses compagnons lui demandaient pourquoi, il leur dit :

— Parce que ce vilain qui pense avoir à réparer ses chaussures en faisant son pèlerinage sera mort avant que d’arriver à sa maison.

Les messagers interrogèrent l’homme qui leur répondit qu’il venait d’acheter ses souliers au marché, et le cuir pour les raccommoder quand ils seraient usés, car il voulait aller en Terre sainte. Étonnés, les messagers le suivirent, et ils n’avaient pas fait une lieue qu’ils le virent tomber mort. Alors ils songèrent, chacun à part soi : « Il nous vaudrait mieux souffrir mille supplices que d’occire un si sage enfant. » Et Merlin, qui sut leur pensée dans le même instant, les remercia de leurs bonnes résolutions.


V


Cependant ils approchaient de la cour du roi Vortiger. Quand ils n’en furent plus qu’à une heure de route, ils demandèrent à Merlin ce qu’ils diraient au roi.