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LA FEMME DE PHARIEN

Le lendemain, Pharien eut peur que Claudas ne le fît tuer ; aussi vint-il le trouver, et lui dit :

— Sire, je suis votre homme lige et vous me devez justice. Un de vos chevaliers me trahit avec ma femme, et je l’ai surpris une fois.

— Quel est ce chevalier ?

— Sire, je ne sais, car ma femme ne le veut nommer ; mais elle m’a dit qu’il est des vôtres. Donnez-moi conseil comme mon seigneur.

— Certes, fit Claudas pour l’éprouver, à votre place je tuerais ce traître.

Pharien ne dit mot et le roi crut qu’il ne savait rien, dont il fut rassuré. Mais le sénéchal revint à son château, et là, il enferma sa femme dans une tour, sans autre compagnie que d’une vieille qui lui apportait à boire et à manger.

Un soir, la dame trouva moyen de parler par une fenêtre à un valet qui était de ses cousins, et le chargea d’aller avertir le roi de ce qu’elle souffrait. Claudas envoya aussitôt un écuyer dire à Pharien qu’il viendrait dîner chez lui. Il fallut bien que le sénéchal fît sortir sa femme de la tour pour recevoir son seigneur. Il lui commanda de s’habiller richement, puis il alla au-devant du roi et lui fit fête.

Mais, après le dîner, la dame révéla au roi, pour se venger, que son mari gardait depuis plus de trois ans, dans un de ses châteaux, les fils du roi Bohor de Gannes. À sa grande surprise, Claudas ne s’en courrouça nullement.