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MERLIN L’ENCHANTEUR

ses veines rompirent, et son cœur creva dans sa poitrine. Il tomba mort, les mains en croix, le visage tourné vers le ciel et la tête dirigée vers l’Orient.


IV


Cependant, la reine attendait son seigneur au pied de la colline. Elle avait pris son enfant dans ses bras et disait, en le baisant plus de cent fois :

— Certes, si tu peux vivre assez pour atteindre l’âge de vingt ans, tu seras le non-pareil, le plus beau des beaux. Que béni soit Dieu qui m’a donné une créature si belle !

À ce moment, elle vit le palefroi de son seigneur qui descendait la colline au trot, car la chute du roi l’avait effrayé. Surprise, elle commanda à l’écuyer de le prendre et de se hâter de gravir la colline. Et bientôt elle entendit le grand cri que poussa le valet quand il trouva le roi gisant, tout froid mort. Troublée, elle posa son fils sur l’herbe et se mit à courir vers le sommet du coteau.

D’abord qu’elle vit le valet à genoux auprès du corps de son seigneur, elle tomba pâmée, puis elle commença de gémir, regrettant les grandes prouesses et la débonnaireté du roi,