Page:Boulenger - Romans de la table ronde I.djvu/189

Cette page a été validée par deux contributeurs.
173
LE GÉANT DU MONT SAINT MICHEL

Artus chaussa donc l’un des éperons au pied droit du nain, tandis que la demoiselle lui bouclait l’autre ; puis il le vêtit du haubert, lui ceignit l’épée et lui donna la colée en lui disant selon sa coutume :

— Dieu vous fasse prud’homme !

— Sire, demanda encore la demoiselle, priez-le d’être mon chevalier.

À quoi le roi consentit encore.

— Je vous l’octroie, demoiselle, dit le nain, puisque le roi le veut.

Là-dessus il fut enfourcher son petit destrier qui était de toute beauté et bien armé de fer ; la demoiselle l’y aida, puis elle lui pendit l’écu au col, monta elle-même sur sa mule, et tous deux, suivis de leurs écuyers, s’en furent par la forêt aventureuse.


L


Et vers ce temps, comme le roi Artus était venu à Camaaloth, il eut nouvelles d’un géant qui ravageait le pays de la Petite Bretagne. Le monstre avait son repaire, disait-on, sur une montagne qui était entourée de mer et qu’on appelle maintenant le Mont Saint Michel au Péril de la mer ; et il ruinait tout le pays alentour, d’où les hommes et les femmes s’étaient