plus ou moins littéralement du grec et du latin, le dernier de Jonson, posthume, et où il a, comme on dit, versé ses fonds de tiroirs. On y lit ce témoignage :
J’aimais l’homme et suis aussi dévoué à sa mémoire que quiconque et il était en effet honnête, d’une nature libre et ouverte ; il avait une imagination excellente, des inventions heureuses, des expressions polies, une facilité si grande qu’il avait besoin d’être réfréné…
Voilà les premiers renseignements que nous ayons. Ils sont intéressants ; malheureusement, ils ne sont pas contemporains de celui que Mme de Chambrun appelle l’ « homme Shakespeare » : ils sont postérieurs de vingt ans environ à sa mort. Les Discoveries datent en effet des toutes dernières années de Jonson et n’ont été publiées, après sa mort, qu’en 1641-1642, on ne sait dans quelles conditions (voir là-dessus les travaux de M. Maurice Castelain). Et puis ce n’est pas tout ce que nous dit Jonson : il nous dit encore que Shakespeare « n’effaçait jamais une ligne » lorsqu’il écrivait. C’est là une affirmation singulière : quelque facilité qu’on lui accorde, il est impossible de croire que l’auteur d’Hamlet ait pu composer ses trente-sept pièces d’un seul jet, sans une reprise. L’affirmation de Jonson est pourtant toujours prise à la lettre, et voici pourquoi : les auteurs de la première édition des œuvres, qui parut en 1623 in-folio, déclarent qu’il ne se trouve « à peu près aucune rature » sur les manuscrits qu’ils ont entre les mains. Pour peu croyable que ce soit, il n’existe pas encore d’étude véritablement critique et scientifique des textes de Shakespeare. Mais