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RÉPONSE À DES OBJECTIONS.

dité de sa démonstration que « le texte common players s’applique aux troupes ambulantes et non pas à une compagnie particulière constituée sous l’égide d’un grand seigneur ». Car toutes les troupes d’acteurs étaient alors ambulantes et il n’en était pas une seule qui n’appartînt à un grand seigneur, vu que la loi le voulait ainsi.

M. Jusserand s’étonne que le nom de Shakespeare ne se rencontre pas une seule fois dans les innombrables pièces liminaires que les poètes demandaient à leurs amis lorsqu’ils risquaient la publication d’un livre ; il y a de quoi. Et comment ne pas être surpris également de ce que les deux poèmes de Shakespeare aient paru sans le moindre sonnet introductif ? Le décès de Jonson suscita trente-trois éloges funèbres ; celui de Shakespeare ne suscita rien… Ah ! si ! comme dit Mme de Chambrun, il fut « pleuré six fois », sept ans après sa mort, dans l’édition posthume qu’on donna de ses œuvres en 1623. À quoi l’on voit que rien n’est nouveau sous le soleil et que les éditeurs, déjà, connaissaient la réclame… Quant à l’histoire du prétendu filleul de Shakespeare, d’Avenant, et de sa poésie, à onze ans, Mme de Chambrun veut rire, je crois.

Venons à Ben Jonson. Beaucoup de gens se sont étonnés que nul contemporain ne nous ait parlé de la personnalité de Shakespeare, et cela est surprenant en effet. Mais ici Mme de Chambrun proteste : elle a découvert les Discoveries de Jonson (que citent depuis bien longtemps toutes les biographies de Shakespeare sans exception). C’est un ouvrage traduit