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L’AFFAIRE SHAKESPEARE


I.

EXPOSÉ[1].


Il y a une « affaire Shakespeare ». Depuis soixante-dix ans que le consul britannique Jo. C. Hart l’a ouverte, elle a suscité assez de volumes, d’études, d’articles pour emplir une bibliothèque publique. Ce n’est pas une querelle philosophique sur le sens, la valeur, la portée de l’œuvre ; c’est plutôt un problème à la façon d’Edgar Poë : il s’agit de savoir si Shakespeare est ou non l’auteur des ouvrages de Shakespeare. Sherlock Holmes, à défaut de M. Dupin, serait bien utile pour résoudre cette question difficile.

« Comme un fanal, dans la nuit, brille au milieu des airs sans laisser apercevoir ce qui le soutient, a écrit M. Guizot un jour qu’il se trouvait en humeur de poésie, de même l’esprit de Shakespeare nous apparaît dans ses œuvres isolé, pour ainsi dire, de sa personne. » Comprenez que tout ce que nous pouvons imaginer du poète d’après son œuvre, non seulement ne concorde pas avec ce que nous savons de l’homme

  1. Cet article a paru dans la Revue de Paris du 1er février 1919.