pur métier de bon rapport, ait couru ce risque inutile, et non moins surprenant que l’autorité n’ait rien dit ; mais c’est moins surprenant si l’auteur était un artiste et un très grand seigneur. À quoi M. Beaunier réplique que l’opinion publique ignorait que la pièce fût du comte Derby, et que, l’eût-elle su, elle n’aurait pas toléré davantage l’éloge des sciences occultes. Mais il ne s’agit pas de l’opinion publique : il s’agit de l’autorité. Et, d’ailleurs, où M. Beaunier prend-il que l’opinion publique était défavorable à la magie ? Jamais les sciences défendues n’ont eu plus de succès qu’à cette époque.
Laissons le Danemark : il n’est pas insulté dans Hamlet. Laissons l’ « hommage rendu à la reine Élisabeth » dans le Songe d’une nuit d’été : il n’est pas si hardi. — Mais M. André Beaunier ne conteste pas que la dédicace des poèmes à lord Southampton soit familière ; il dit : « Ce qui est surprenant, c’est que, pour écrire en vieil ami au comte de Southampton, le comte de Derby prenne le nom d’un vil acteur… » M. Beaunier ne plaisante pas.
La comédie des Joyeuses commères de Windsor contient des « allusions au chapitre de la Jarretière et aux cérémonies de la réception des nouveaux chevaliers ». Cela n’est pas niable ni nié. M. André Beaunier n’est pas persuadé que la pièce soit le « remerciement d’un chevalier nouvellement promu ». Mettons seulement qu’elle a été composée à l’occasion d’une cérémonie de la Jarretière. Le sixième comte de Derby reçut la Jarretière en 1601. Or, dit le critique, on ne croit plus que la comédie des Joyeuses com-