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RÉPONSE À DES OBJECTIONS.

Certes, que ce soit Stanley ou que ce soit l’acteur Shakespeare qui ait composé le théâtre que l’on publie sous le nom de celui-ci, cela ne rend ni plus ni moins belle la Tragique histoire d’Hamlet, prince de Danemark ; c’est là une vérité évidente et au reste si généralement appréciée que nul (ou peu s’en faut) de ceux qui ont rendu compte dans les gazettes de l’affaire Shakespeare n’a négligé de la rappeler. Mais la plupart ont cru devoir ajouter quelques considérations dédaigneuses, bien que condescendantes, et plaisantes, mais usagées, sur la critique historique en général et l’érudition en particulier. Il y a sur ce sujet quelques clichés fort goûtés.

M. André Fontainas, par exemple, les a exprimés à nouveau avec une charmante conviction dans un article du Mercure de France[1] intitulé les Pucerons sur le rosier de Shakespeare. Ces pucerons ce sont les écrivains qui ont étudié l’œuvre du grand poète, notamment Milton, Voltaire, Hugo et M. Fontainas lui-même. M. Fontainas, comme on le sent, ne partage pas l’opinion d’Oscar Wilde, qui estimait que la critique est très supérieure à l’art. Ah ! comme M. Fontainas a raison ! La critique est un art, en effet, comme la poésie, et Oscar Wilde les opposait bien à tort. Mais ce n’est pas cette considération qui inspire à M. Fontainas le dédain qu’il éprouve pour

  1. Numéro du 16 mars 1919.