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L’AFFAIRE SHAKESPEARE.

allusions aux représentations populaires données à la Pentecôte et à la Saint-Jean, non par des acteurs professionnels, mais par des gens de métiers, des artisans. Il en parle dans les Deux gentilshommes de Vérone et dans le Conte d’hiver, mais tout le monde se rappelle la Très lamentable comédie et la très cruelle mort de Pyrame et Thisbé, telle qu’elle est raillée dans le Songe d’une nuit d’été. Pour commenter ces allusions, on a souvent évoqué les mystères que jouaient les bonnes gens de Coventry et d’York, mais on a tout à fait négligé de rappeler que ces spectacles avaient lieu au moment de la Fête-Dieu. En réalité, la seule ville d’Angleterre où il y ait eu des représentations populaires à la Pentecôte et à la Saint-Jean, c’est Chester, — la ville favorite de William Stanley, où il habita une partie de sa vie, où il se retira et où il mourut. À Chester, chaque corps de métier avait le privilège de fournir un acteur ou d’assurer une partie du spectacle, et voilà apparemment pourquoi il est si nettement spécifié dans le Songe que les acteurs bénévoles de Pyrame et Thisbé appartiennent à des métiers différents.

Le 26 janvier 1595, le chef d’une des plus nobles familles d’Angleterre se mariait à Greenwich ; à cette occasion, la troupe du lord Chambellan, dont faisait partie l’acteur Shakespeare, joua devant la reine, dans cette ville, le Songe d’une nuit d’été. Il ne reste qu’à dire que ce grand seigneur était le VIe comte de Derby. Tout, comme on voit, ramène à lui.