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L’AFFAIRE SHAKESPEARE.

du futur Henri IV, et plus précisément dans le célèbre parc de Nérac. Le roi de la pièce, c’est Henri, tous les commentateurs s’accordent là-dessus. À la scène II de l’acte V, la Princesse dit qu’elle a reçu du Roi « autant d’amour en vers qu’on peut en fourrer sur une feuille de papier écrite des deux côtés, marge et tout, qu’il lui a plu de sceller du nom de Cupidon ». Le Vert-Galant, en effet, avait coutume de sceller ses poulets d’un cachet spécial représentant un H entouré de lacs d’amour, d’y tracer autour de sa signature des S traversés de flèches, emblèmes de baisers, et de les couvrir jusque sur l’adresse de symboles amoureux de ce genre. Joignez que l’original autographe de la fameuse chanson de Charmante Gabrielle, qui fut adressée sous forme de missive à Gabrielle d’Estrées, existe encore (il a pour heureux possesseur M. le comte Le Gonidec de Traissan) : plusieurs strophes y sont écrites en marge ; et voilà encore une bien curieuse concordance. D’autre part, on lit dans une lettre écrite par la reine Marguerite à son royal époux : « Si vous étiez honnête homme, vous quitteriez l’agriculture et l’humeur de Timon pour venir vivre parmi les hommes. » Et sait-on à quelle époque le Vert-Galant marquait, comme le Roi de Peines d’amour, cette humeur de Timon ? Durant l’automne de 1582, c’est-à-dire dans le temps précisément que William Stanley voyageait en France. On avouera que c’est encore là une rencontre faite pour surprendre.

Mais il en est bien d’autres ; je ne puis les citer toutes. La première édition de Peines d’amour (1598), dont le texte est fort incorrect, prétend offrir la comé-