première traduction anglaise de Plaute est de 1595, M. Lee suppose qu’il connaissait les Mènechmes à travers une autre pièce perdue ; et ainsi de suite quant aux sources. Pour expliquer que Shakespeare ait su le français, on rappelle (mais sans conviction) qu’une tradition le montre logeant chez un coiffeur français. Pour expliquer qu’il ait si bien connu le langage judiciaire, dont les tours reviennent constamment sous sa plume, il faut invoquer une autre tradition selon laquelle il aurait été clerc chez un homme de loi, etc. La dédicace de Vénus et Adonis au comte de Southampton, M. Lee la juge conçue « dans les termes ordinaires de soumission et de déférence » ; relisez-la pourtant, puis celle de Lucrèce, et dites, en vous souvenant de celles des écrivains de ce temps, si un histrion, et peu connu encore, aurait pu s’adresser sur ce ton à un très grand seigneur. Les allusions assez hardies à Élisabeth, qu’on relève dans Richard II et dans Jules César, aucun stratfordien ne s’en étonne. Enfin, que la Tempête loue et vante comme bienfaisante la magie, au moment même que le roi Jacques Ier, auteur d’un livre contre la démonologie, rendait des édits rigoureux contre les adeptes des sciences occultes, on ne l’a jamais expliqué, et pour cause, ne l’ayant jamais remarqué.
Chateaubriand n’est pas moins génial parce qu’il était hâbleur, ni Sainte-Beuve parce qu’ayant la plus admirable des intelligences, il n’avait pas un beau caractère. Imaginer le génie comme un don de Dieu, ou des dieux, ou des fées, comme un rayon divin qui puisse tomber sur un être par ailleurs assez médiocre,