Que sont-ils devenus tous ces troupeaux d’esclaves
Qui, courbés dans la poudre et baisant leurs entraves,
Adoraient à genoux les enfants de Memphis ?
Ils dorment dans la mort… Et Memphis expirante
Vit le vent du désert mêler leur cendre errante
Avec la cendre de ses fils !
Du faible et du puissant Dieu confond la poussière.
Il rejoint pour toujours, dans leur couche dernière,
Et le tyran fameux et l’esclave sans nom ;
Et le ver du cercueil, troublant leur sépulture,
Sans distinguer entre eux, va chercher sa pâture
Sous la pourpre ou sous le sayon !
Carthage, tu disais : « Mes vaisseaux, rois de l’onde,
» Déposent à mes pieds les richesses du monde,
» Assise sur mes ports, je gouverne les flots ! »
Et les flots en grondant dévorent ton rivage !
Et leur vaste linceul a recouvert Carthage,
Carthage la reine des eaux !