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cap sizun

thym et la rosée… C’est dire que les cavités des roches, n’ont pas de secrets pour les braconniers.

Les modestes douaniers arpentent seuls ces falaises, guettant des années entières, d’invisibles contrebandiers.

On a bien ri (mais les pauvres douaniers ne riaient pas), quand en 1888, nos gouvernants affolés, craignirent une descente du général Boulanger. Véritable retour de l’île d’Elbe, parbleu. Celui-ci n’y songeait même pas, il préférait effeuiller des Marguerite à l’étranger. Le vide s’était fait autour de lui, prélude de ce fatal oubli auquel cet homme ne put se résigner.

Malgré tout, ces factions de mois entiers et de nuit et de jour, de ces paisibles préposés, sur ces falaises dangereuses ne les faisaient pas rire, eux qui sont amis de tout boulanger, envoyaient au diable les gouvernants, qui en plein jour n’eussent pas osé s’aventurer aux postes indiqués.

Peut-être songeait-on à trouver quelques complices dans le Cap-Sizun. Pourquoi pas ? Le yacht Le Pétrel, où se baladaient Boulanger, Dillon et Rochefort and Cie, était commandé par un capitaine d’Audierne… pas conspirateur du tout, le brave Verne.

Ici les falaises changent souvent d’aspect, avec leurs pentes bouleversées, déchiquetées. Les rochers ont un nom, parce que presque tous ont une forme. L’imagination superstitieuse du breton, est plus prompte qu’aucune autre à donner une forme aux choses.

Rarement le riverain peut descendre au bas des falaises que des cabris eux-mêmes ne sauraient franchir. Presque tous cependant sont pêcheurs. Assis sur quelque rocher que les flots ne sauraient atteindre, ils lancent la ligne, pêchent surtout ce poisson aimé de tous les marins, la Vieille, un