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cap sizun

véritables alpinistes, pourraient avancer que je n’ai pas tout dit… et ils auraient raison.

Falaises élevées, couvertes de blocs immenses, de rochers, fuyant avec des arêtes aiguës sur la déclivité du terrain, souvent une force inconnue les a arrêtés dans leur chute, on se demande par quel miracle d’équilibre, ils restent ainsi en place, quand la poussée d’un doigt semblerait suffisante pour les faire rebondir ; ils restent là, ces blocs pesant des milliers de kilos, superposés, sans ordre, véritable chaos et leurs angles sont arrondis par les vagues.

Un touriste auquel peu de curiosités étaient inconnues, puisqu’il avait parcouru les Pyrénées, les Alpes, les Montagnes de l’Illyrie et tant d’autres endroits encore, me disait que ce désert chaotique était ce qu’il avait le plus admiré le long des côtes du Cap-Sizun.

Dès l’arrêt de la station à Beuzec, le touriste peut aller voir à une faible distance, la Galerie couverte de Kerballanec.

Elle mesure une quarantaine de pieds de longueur… on se demande par quelle opération balistique, si l’on veut mieux lire cabalistique, on est parvenu à poser sur ces hautes pierres verticales, ces pierres plates du sommet… une seule d’entr’elles mesure trois mètres de chaque côté ; un homme de six pieds pourrait pénétrer dans la galerie, sans courber la tête. Plus loin, c’est Loscogan, près du fanal Millier. Là se trouve une minuscule chapelle… Au milieu d’un chaos de pierres, rondes, carrées, etc., on distingue l’une d’elle, c’est exactement une chaloupe non creusée, droite sur sa quille, l’avant taillé en biseau, l’arrière aussi en forme de barque… on voit que toute main humaine est étrangère à cette forme.