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cap sizun

Vous avez encore à voir sur le sommet de la falaise, ce que l’on nomme la pierre du compas… C’est une sorte de rose de vents gravée sur une pierre plate… elle doit dater au moins de deux siècles. Servait-elle à diriger les yeux des vigies exercées, qui le maintenaient là, guettant les naufrages, provoquant même dit-on, la perte des navires ?

Vous avez encore à visiter, si vous passez au mois de juin la grotte aux oiseaux… Vous y voyez des milliers de nids, du sommet on aperçoit les mouettes couvant leurs œufs… elles restent à leur poste, certaines de ne pouvoir être atteintes. Par pitié épargnez-les, touristes. J’en ai vu qui se faisaient un plaisir cruel de les exterminer du haut de la falaise, car elles sont à petite portée de fusil… plaisir cruel et sans but, car on ne peut saisir la victime qui retombe au fond du précipice. De grâce épargnez-les, ce sont les auxiliaires des pêcheurs auxquels ils indiquent souvent les bancs de sardines, et pour le marin du large quand elles s’aventurent au loin, elles indiquent que la terre est proche : quel mal font elles ?

Les cormorans, les goëlands ne sont pas amis, car ils font bande à part. Les uns font domaine de la pointe du Van que vous voyez à droite, les autres, de la pointe rivale. Quelques roches sont couvertes d’un vrai Guano, et portent comme une chevelure blanche… Le cormoran goulu dépèce sa capture sur une pierre plate à laquelle on a donné le nom de table des cormorans… Le jour ils pêchent, et le soir ils rentrent au logis… Peut-être ces deux camps ennemis se sont divisés (comme les hommes), les lieux de pêche, et peut-être mieux que les hommes, observent-ils leurs contrats ? On ne les voit pas dans les mêmes parages… Je souhaite aux touristes d’avoir apporté d’amples provisions,