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d’audierne au bec du raz

aussi, sans effort d’imagination, on rencontre comme une tombe d’évêque ou d’abbé mitré : de loin ce n’est pas, dirait-on, un effet d’illusion, mais de réalité… quand vous en approchez il n’y a plus rien… Comme les nuages qui se rassemblent par les orages et les grands vents, présentent toutes les formes étranges de figures, de montagnes, d’animaux.

Arrivés à cette extrémité de pointe, surplombant cette mer qui mugit à vos pieds, devant ces courants divers qui assombrissent la mer, que de réflexions vous viennent ! C’est peu de chose quand la mer est calme. Vous apercevez bien quelques marsouins qui jouent, qui s’en vont par troupe, se faisant un plaisir de lutter contre le courant… Souvent vous les voyez rebondir et retomber quelques mètres plus loin. Ne dirait-on pas un steeple, une course… Hélas ! souvent malheureusement ils sont à la poursuite d’un banc de sardines, et ils en engloutissent des milliers.

C’est la plaie de nos côtes, le désespoir de nos marins dont ils déchirent les filets. On essaie tous les moyens de destruction, mais il est si difficile de les saisir et ils sont si nombreux ! C’est surtout dans les parages du golfe de Gascogne, dont les eaux sont plus chaudes, que vous en comptez des milliers, car là se trouve le passage des bancs nombreux qui s’approchent de nos côtes de Bretagne.

C’est là, du haut de ces rochers de la pointe, qui plongent dans la mer, déchirés entaillés sinistrement, qu’on peut admirer le poignant spectacle de cette mer verte… C’est là que vous viennent à l’esprit par les tempêtes, ces mots de l’écriture : « mirabiles elutiones maris. » Quand surtout ces flots se déploient furieux, balayant cette suite de