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d’audierne au bec du raz

le long de la côte. En suivant la baie de Douarnenez, on y trouve des précipices plus effrayants encore.

Quelques guides ici, viendront renchérir sur les dangers que vous pouvez courir, mais croyez-le bien, c’est plus effrayant de loin que de près.

Ces petits sentiers que vous apercevez, et qui semblent ne pouvoir donner passage qu’à un cabri, effrayent quelques personnes… mais je puis vous le dire, c’est un effet d’optique… On ne parle pas d’accident, peut-être parce que les personnes qui craignent le vertige, s’abstiennent et elles ont raison… L’impression qui est la plus pénible, est la terreur que l’on éprouve des imprudences de quelques compagnons… les bravades, les forfanteries d’un compagnon, gâtent toujours le charme de cette promenade accidentée.

Toujours on s’engage par le côté droit, par une manière de sentier, se transformant, bifurquant à travers un passage entre deux rochers ; on monte, on descend, on remonte encore, sur de la pierre, Dieu merci, car le gazon est traître et glissant… çà et là, quelques touffes d’herbes marines, des joncs marins en fleur, quelques fougères dont une est en quelque sorte particulière au raz, du moins on ne la voit qu’ici si fréquente : j’ai vu plusieurs touristes en emporter des touffes, je ne saurais dire si la transplantation a réussi ailleurs…… je doute, et cependant cette fougère ferait très bel effet dans une jardinière, tant elle a d’élégance svelte, avec ses fines dentelures. Partout au-dessous de vous, ce sont des précipices profonds.

Voici ce qu’en dit un écrivain qui a longtemps habité le pays et que nous avons tous connu.

Soudain on domine un abîme effrayant dont les murs noirs comme s’ils portaient le deuil, rouges comme s’ils étaient éclaboussés de sang, vous