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cap sizun

voiles pris dans ces remous, la houle du large le porte en travers, et alors comment pourrait-il gouverner.

Nep ne sent ket, ouc’h ar stur
Ouch ar garrec, a ra zur

Si le navire n’obéit pas au gouvernail, il le fera sûrement au rocher… en effet les tourbillons saisissent le navire qui d’abord talonne sur quelques fonds, et finalement disparaît ; les courants sous-marins s’en emparent à leur tour, et plus tard, mais longtemps après, les débris se retrouvent en morceaux sur la Baie des trépassés, heureux quand les pauvres marins ont pu se retirer à temps dans les canots du bord.

Que de richesses englouties dans ces parages, bonheur du riverain quand le douanier n’est pas là, il guette un baril de rhum, de vin, une caisse de fromage, de dentelles quelquefois, souvent des produits exotiques, de bois de Tech, des billes énormes d’acajou, etc… J’en ai longuement parlé dans le Raz de Sein. On peut le lire, comme tout ce que j’ai écrit sur les croyances ou droit d’épaves, communes à toutes les populations des côtes sans exception.

Je vais maintenant parler du Tour de la Pointe que presque tous les touristes désirent faire. Je donne le conseil aux personnes qui craignent le vertige de s’en abstenir. Quelques guides diront : Ce n’est pas dangereux, ils disent vrai, mais nombreuses personnes se sont arrêtées à mi-chemin, ont préféré revenir.

Vous désirez contourner la pointe… eh bien ! c’est cette colossale croupe de roches amoncelées, extrémité du cap Sizun, surplombant les gouffres de 250 pieds… Ce spectacle est du reste continu,