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d’audierne au bec du raz

guet, Saint-Mathieu, presque tous de première classe, éclairant à vingt milles ; plus loin les Molènes, les deux phares d’Ouessant dont l’un est mû par l’électricité sans compter nombreux phares secondaires ou fanaux. Du haut de ce belvédère, vous pourriez les apercevoir tous les soirs, blancs, bleus, sanguinolents, à éclipse, etc. Spectacle magique la nuit, constellant le même horizon, tandis qu’à faible distance passent aussi des steamers avec leurs feux, blancs, bleus, rouges.

Le jour, autre est le point de vue. Il n’est pas nécessaire que le temps soit bien clair pour distinguer l’Île de Sein. Elle est devant vous, presque à fleur d’eau, bien basse assurément puisque à plusieurs reprises la mer a fait irruption sur la terre, et a forcé les habitants à chercher un refuge sur les toitures… On peut le lire dans le Raz de Sein.

Y a-t’il un cataclysme qui l’a séparée du continent ? Je possède un dessin dressé par un ingénieur qui le suppose… il dessine la déclivité du sol qui aurait existé, résultat de ses opinions personnelles évidemment, qu’il s’est gardé d’enseigner comme une vérité.

De cette pointe de la Cornouaille, extrémité du vieux monde finis terræ, Gobeum promontorium, de Ptolémée d’Alexandrie vous voyez deux mers, à gauche l’Océan, à droite la Manche, après l’Iroise. De là, ces courants dangereux qui viennent battre et chavirer les navires, qui dans cette lutte ne sont en somme que de vraies coquilles de noix, courants terribles il est vrai, souvent moins dangereux que le calme.

Les courants varient à toute heure de la marée. Aux trois dernières heures du jusant, portant sur les écueils de La Vieille (Gorlebella). Dans les temps calmes rien ne saurait tirer un navire à