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cap sizun

retraites des vieux chrétiens (de son temps comme de nos jours) ; vous pouvez aller vous en rendre compte, et je le vous souhaite, le cicérone est un trappiste.

Un ermite au froc noir, à la tête blanchie,
Marchait d’abord.
Vieux concierge du temps, vieux portier de la vie,
Et de la mort,
Et nous l’interrogions sur les saintes reliques
Du vieux combat
Comme on aime écouter sur les combats antiques
Un vieux soldat.
Plus loin sur les tombeaux, j’ai baisé maint symbole
Du saint adieu,
Et la palme et le phare, et l’oiseau qui s’envole
Au sein de Dieu
Jonas après trois jours, sortant de la baleine
Avec des chants,
Comme on sort de ce monde, après trois jours de peine
Nommés le temps

La vue du phare, apparaissant dans la nuit sombre, inopinément au voyageur qui a été plusieurs jours loin de toute terre, produit une impression si heureuse que je ne saurais la traduire, c’est comme pour le naufrage en péril, le cri  : « terre »..

Pour le capitaine, c’est le point de repère, et nul ne saurait s’imaginer comment il est inquiet, quand il n’aperçoit pas le feu signalé par la carte et qu’il suppose être dans sa direction… C’est aux endroits les plus dangereux, que ces anges gardiens se multiplient ; et le passage du Ras, est un des plus dangereux des côtes, aussi le navire a-t-il avant de pénétrer dans la passe derrière lui le phare de Penmarch, qui dans quelques années sera une des merveilles du monde, des gerbes continues de lumière électrique éclairant à quatre-vingts milles, devant lui les phares de La Vieille, de l’Île de Sein, au delà l’Armen, Trevenet, Toulin-