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d’audierne au bec du raz

une modification se fit… On construisit un phare sur la roche la Vieille (Gorlebella) un peu plus bas, et l’ancien phare qui existe encore fut supprimé. L’administration en supprimant celui-ci, savait bien ce qu’elle faisait, des capitaines au contraire semblaient le regretter. Mais peut-on contenter tout le monde et son père, dit le bon La Fontaine ? mais si le fanal n’est plus là on n’a pas enlevé le belvédère. Allons ! haut les cœurs, et grimpez ; certes l’escalier en spirale n’est pas large et vous n’êtes pas sujet aux palpitations de cœur…… Un touriste vrai ne voit son cœur battre que devant les beautés de l’horizon, c’est entendu.

Je ne l’engage pas à donner le bras d’une sémillante cavalière, ce n’est pas le splendide escalier de M. Garnier à l’Opéra… On y va à la queue, leu, leu.

Dès la plus haute antiquité, il y avait des phares, on en parle dans les merveilles du monde… Oh ! oui, mais ici comme il faut admirer le progrès bienfaisant de la science humaine, et c’est ici que nous devons saluer ces miracles de physique optique, ces combinaisons des Fresnel et autres ; ces prismes, ces miroirs convergents et divergents lançant la lumière à des distances incalculables pour le bien de ces cœurs triplement cuirassés d’airain, comme dit Horace, qui vont luttant sur le sommet des vagues, dans une obscurité complète.

Le christianisme naissant fit du phare un de ses emblèmes, le guide dans la vie militante si pleine de ténèbres et d’écueils, où nous marchons comme des aveugles si nous n’avons pas la lumière.

Dans les catacombes, le phare est un des emblèmes le plus souvent reproduit dans les fresques conservées par le temps. Mgr Gerbet, évêque de Perpignan, raconte son voyage à ces sombres